Sa situation géographique, son rapport à l’histoire, et la valeur patrimoniale du village perché médiéval de Biot impose dans la réalisation du projet de la Maison du Verre une intervention sensible et respectueuse du déjà-là, de ses traces et de sa mémoire.

Le site est contraint et les ambitions sont grandes : Faire rayonner la Cité du Verre en ramenant l’art du feu dans le centre ancien.

Comme un phare dans le village perché, le projet constitue un repère pour tous les publics.

Il opère un dialogue entre les époques,

Respecte les gabarits existants,

Complète les géométries,

Crée des fenêtres ouvertes sur le grand paysage,

Révèle les matières,

Transforme une échelle domestique en lieu culturel dans le respect des préexistences.

Les enjeux urbains et architecturaux sont forts. Le programme est ambitieux sur un site aux limites définies par des volumétries héritées. La topographie du village contraint encore les possibilités.

Le projet de la Maison du Verre explore les potentialités d’un site, transcende le programme, et fait sien de l’espace imparti.

Il compose dans l’intervalle qu’il tisse entre héritage et contemporanéité, et se saisit de l’opportunité d’installer un équipement culturel dans le village pour régler la question hautement actuelle de l’accessibilité piétonne dans les centres historiques à forte déclivité.

Le projet déploie des mesures élémentaires et rationnelles afin de créer des parcours fluides et continus entre les différentes entités du site mais également entre les différentes altimétries qui le composent.

L’ascenseur urbain, l’ascenseur du musée et les rampes haute et basse garantissent la cohérence et la lisibilité des parcours qui deviennent ainsi tous pmr.

La place Camatte, en partie végétalisée pour assurer des zones d’ombre et de fraicheur, devient une centralité, un espace de connexion traversant et ouvert, un lieu on l’on se retrouve et un lieu on l’on se projette aussi, puisqu’il préserve et révèle un des rares point de vue dégagé de la ville sur le grand paysage : le belvédère qui surplombe le rempart historique du village.

L’atelier à chaud est positionné de manière à s’ouvrir largement sur la place Camatte et permettre ainsi d’observer le travail des artistes. Les gradins sur la place constituent les tribunes d’une scène de travail spectaculaire, où l’art du feu se déploie. Un auvent de verre abrite les spectateurs.

La grande ouverture s’ouvre et se ferme à convenance par une paroi de verre, permettant ainsi de travailler dedans et dehors.

La paroi fermée et le matériel en sécurité, la place Camatte pourrait restée ouverte si tel était le souhait, même une fois le spectacle terminé.

Le projet de la Maison du verre fait corps avec son site, avec les gabarits qui composent la Skyline du village mais aussi avec les remparts sur lesquels il s’érige.

L’atmosphère minérale si prégnante de la ville se perpétue dans le projet.

Les corps bâtis sont décroutés pour révéler la pierre. Un enduit de chaux est appliqué sur les parties réhabilitées pour assurer l’étanchéité. Ce même enduit à la chaux constitue la peau des greffes constitutives des extensions de la maison.

Le lien se fait en continuité, de manière sobre et pérenne.

Saisir le génie du lieu de Biot n’est pas tant affaire de forme que de matérialité et de rapports chromatiques. C’est par la matière et par sa mise en œuvre, en mémoire aux savoirs faire locaux, réinventés aux techniques contemporaines, en travaillant l’ensemble des éléments du projet avec un matériau unique (la pierre jointoyée à la chaux pour la partie réhabilitée, et enduite à la chaux pour les extensions) que le projet va prendre parfaitement assise dans le site.

Les épaisseurs de façades, l’inertie des murs (épaisseur du mur en pierre + 5/6 cm de chaux liège pour isolant) et les qualités intrinsèques du matériau inscrivent le projet sur la voie du développement durable, en considérant le matériau et sa mise en œuvre comme un moyen de gestion des températures.

Afin de s’intégrer en harmonie avec le climat méditerranéen dans lequel il s’insère, et garantir ainsi un confort d’été optimal et une économie énergétique été comme hiver, des systèmes simples, éprouvés et pérennes sont mis en place considérant ainsi l’inertie, les occultations intérieures et une ventilation naturelle, notamment dans les ateliers à chaud.

Le projet se doit d’entrer en résonnance avec la Cité du Verre.

Il y a une émotion palpable dans le soufflage du verre. Et le projet déploie une émotion singulière et rare par son ancrage sensible, patrimonial et poétique dans le village perché de Biot.